Comment en finir avec la crise !

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Pourquoi cette obstination générale à attendre le retour de la croissance ? Pourquoi ne pas s’avouer qu’un ordre nouveau s’installe, moins abondant, plus complexe, plus ouvert aussi ? Voici la solution : bannissons le terme « crise » de notre vocabulaire, car il sous-tend qu’un beau jour « ça finira par repartir » !

Il va falloir faire plus avec moins, faire simple et malin pour retrouver la confiance, positiver, et avancer ! Un éclairage que nous apporte le livre de Navi Radjou « L’innovation Jugaad. Redevenons ingénieux » (1). Passionnant.

Pourquoi attendre la croissance comme on « attend Godot » ?

Maturité des marchés européens, stagnation des populations, raréfaction des ressources naturelles, complexité nouvelle de l’environnement… nous avons tous perçu qu’un nouvel ordre s’est imperceptiblement installé. Les décennies de croissance sont derrière nous, et alors ?

Si ce discours de la croissance, ou plutôt cette incantation, est persistant et de tous bords politiques, c’est que c’est la seule recette éprouvée jusqu’à présent et qu’elle a structuré la société. Mais pourquoi les schémas de pensée et les organisations top-down qui ont fait leurs preuves pendant les décennies d’abondance fonctionneraient dans l’économie de la rareté ? Prenons quelques exemples… Surendettés, les principaux pays vont tailler dans les dépenses publiques, les ventes d’automobile dans les pays de l’UE connaissent une baisse continue depuis un an et demi et sont retombées en 2012 au niveau de 1995, le nombre de nouveaux médicaments lancés chaque année a chuté de 44% depuis 1997 …

Pas si simple d’abandonner la route quand la nuit tombe. Pourtant tout indique qu’un nouveau chemin est à prendre. Allons-y ! Car à force de jouer « en attendant Godot », ce sera bientôt Napoléon attendant Grouchy, à Waterloo.

Jugaad, l’innovation frugale

On pourrait traduire le terme hindi « Jugaad » par système D, un état d’esprit de débrouillardise et d’inventivité pour sortir d’un problème malgré le peu de moyens. Ce livre (1) est rafraîchissant, car il nous apporte le point de vue des pays émergents sur notre situation.

En premier lieu, vivre la contrainte comme un stimulus créatif. Pourquoi râler sur l’état des routes quand on est Indou sur son vélo ? Cela ne changera rien, alors plutôt réfléchir à adapter son engin pour récupérer l’énergie dépensée à cause des nids de poule pour avancer plus vite !

L’adversité n’est pas vécue comme un drame, elle permet au contraire de penser différemment, et d’agir rapidement.

En second lieu, on ne peut plus manager seul depuis une citadelle. Comme le relève Navi Radjou, « le progrès technologique a favorisé un besoin croissant de liberté créatrice, chez les salariés et les citoyens, et a forcé les entreprises à ouvrir leurs modèles économiques ». Ouvrir le mode de pensée, ouvrir les organisations, c’est démultiplier nos moyens.

C’est ça l’effet de levier d’un écosystème : enrichir la collectivité sans investir tout seul.

La croissance existe, c’est un état d’esprit !

Voilà c’est fait, débarrassés du terme « crise », regardons les choses en face. Et retournons le problème. Voyons toutes les nouvelles opportunités qui se font jour. Analysons nos forces et faiblesses. Cela demande courage et lucidité, ce n’est pas si simple. Mais changer de paradigme est une condition de survie.

Parmi les 1001 exemples d’entreprise du livre, j’aime l’exemple de Procter & Gamble. En 2000, le DG de l’époque observe que pour 1 chercheur en R&D de la firme de Cincinnati, il y a 200 scientifiques dans le monde. Comment utiliser tous ces talents ? Comment accélérer la recherche malgré des budgets limités ? Il lance l’idée saugrenue de transformer la R&D, jusque-là citadelle de la recherche maison, en C&D « Connexions & Développement ».

La recherche Procter est aujourd’hui un écosystème exemplaire ouvert aux chercheurs du monde entier, mais aussi à ses fournisseurs, à d’anciens cadres retraités etc. C’est ainsi que le procédé d’impression à l’encre comestible a été appliqué aux Pringles, après avoir été repéré dans une fabrique de pizza à Bologne…

La vision adoptée en 2000, dénommée « cohorte management strategy » a aussi permis de connecter la firme avec ses communautés de clients, et de lui donner une avance remarquable dans le big data. De l’ouverture et la remise en cause des usages établis, pour trouver des solutions externes, rapides et à moindre coût.

Souplesse et ouverture. Navi Radjou parle de « renforcer le capital psychologique » pour rendre l’entreprise, et le citoyen, plus résilients.

Enclencher ce cercle vertueux : courage -> confiance -> optimisme.

C’est ainsi que nous parviendrons à aborder les difficultés avec un état d’esprit combattant, un état d’esprit de croissance. C’est aussi donner envie d’entreprendre, tout simplement.

C’est l’affaire de chacun, qu’en pensez-vous ?

(1) L’INNOVATION JUGAAD. Navi RADJOU, Jaideep PRABHU & Simone AHUJA. Ed. Diateino.

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