Crowdfunding : un secteur qui ne connaît pas de frontières

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Ces dernières années la France a vu émerger un nouveau type de start-up. Des plateformes de Crowdfunding internet particulièrement innovantes permettant à de nombreux apporteurs d’argent d’investir de petites sommes dans des projets. De par la nature de leur activité, leur marché ne saurait connaître de frontières nationales.

Pourquoi ne pas craindre l’arrivée de géants du net dans le secteur ?

Des business models disruptifs sont en train de transformer la façon dont nous faisons des affaires. Ce que j’appelle le Community Funding n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau c’est l’utilisation d’un site internet communautaire comme outil de levée de fonds.

La réussite de la plate-forme américaine de Peer-to-Peer lending dirigée à San Francisco par le français Renaud Laplanche et déjà mondialement reconnue, Lending Club, est caractéristique de l’évolution de cette industrie naissante. Leader sur son marché avec près de 2 milliards de dollars de prêts entre particuliers depuis son lancement en 2007, elle vient de franchir le seuil de la profitabilité. En vue d’une probable introduction en bourse l’année prochaine, Google est entré à son capital lors d’un tour de table de 125 millions de dollars auprès d’actionnaires existants valorisant la place de marché du crédit à près de 1,55 milliards de dollars.

L’intérêt de Google et des plates-formes américaines qui ont commencé à ouvrir des bureaux sur le marché européen sont, à mon avis, un très bon signe pour le secteur qui se voit ainsi légitimement renforcé par l’arrivée de géants du net.

Cela ne représente pas un risque pour les plates-formes européennes car pour l’heure l’utilisation de sites comme Kickstarter est conditionnée à la détention d’un compte Amazon Payments, ou bien à côté des cartes de crédits il est proposé d’avoir un compte PayPal pour utiliser la plate-forme Indiegogo. Ce qui n’est pas nécessairement un élément facilitateur de développement à l’international puisque ces méthodes de paiement peuvent être plus ou moins répandues selon les pays.

De plus, il peut être intéressant pour un porteur de projet à dimension internationale, de réaliser dans un premier temps une campagne sur un site bénéficiant d’une communauté de membres internationale pour se doter d’une communauté variée et étendue, identifier ainsi et cibler plus aisément les profils et les régions à potentiel, avant d’utiliser ensuite une plate-forme établie sur le marché recherché en vue de lever des fonds. Cela peut représenter en quelque sorte du gagnant-gagnant à la fois pour les porteurs de projets et pour les plates-formes elles-mêmes qui voient ainsi leurs sources de membres démultipliées. Encore faut-il bénéficier d’une plate-forme au minimum bilingue, trilingue.

J’en finirais en rappelant que si de nombreux blogueurs, collègues, journalistes, voire politiques parlent de sites comme les deux susdits, dans les faits il m’apparaît évident que c’est bien la créativité européenne qui domine actuellement le marché mondial du crowdfunding. Il est possible de le constater de par la très large variété des business models des plates-formes qui se créent quasiment tous les jours. Et cela malgré les sévères entraves réglementaires et politiques auxquelles elles sont confrontées en Europe.

Par contre, s’il est un marché à potentiel phénoménal sur le long terme qui m’intéresse à titre personnel c’est bien l’Asie. Lorsqu’elle s’éveillera réellement au crowdfunding les cartes seront peut-être rebattues.

Profonde modification des relations entre citoyens

Enfin, je ne donne pas raison à ceux qui affirment qu’il y a un nombre incalculable de plates-formes en opération ou en cours de lancement et qu’il commence à y en avoir trop. C’est à mon avis, là-aussi, une bonne chose car in fine il en résultera une profonde modification des relations qu’entretiennent les citoyens, les individus au sens large, entre eux dans leur quotidien, au-delà des campagnes de levées de fonds.

Effectivement, je pense qu’avec le temps il y aura des plates-formes de financement participatif partout et répondant à des besoins très variés (collectivité territoriale, bibliothèque, association, entreprise, ONG, voire événement éphémère, etc.) et que l’on ne saura plus réellement ce qu’est une plate-forme car cet outil sera devenu un bien commun, comme un site internet de nos jours. Même s’il demeurera naturellement des sites spécialisés de référence.

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