Pérennité de l’entreprise : l’incertitude, un risque pour le dirigeant

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Le sujet qui concentre toutes les attentions dans les TPE et PME est aujourd’hui la trésorerie. Les dirigeants consacrent beaucoup d’énergie à essayer de stabiliser leur situation financière pour pouvoir pérenniser leur activité. En effet, environ 50 % d’entre eux ont vu évoluer à la baisse leur situation financière depuis la crise sanitaire. Les inquiétudes demeurent nombreuses.

Le ressenti gardant une place importante dans la prise de décisions, il est de plus en plus nécessaire de le baser sur des éléments objectifs et de mettre en place des indicateurs qui permettent de suivre la situation en temps réel.

L’origine des problèmes de trésorerie

Des commandes qui peinent à remonter

Avec la crise qui dure, de plus en plus d’entreprises ont fait face à une forte dégradation des carnets de commandes et celles-ci peuvent tarder à revenir au niveau antérieur à la crise. Elle se traduit très différemment selon les secteurs. Le BTP a vu sa visibilité sur long terme nettement affectée. Alors qu’elle avait fait une visibilité sur plusieurs mois avant la crise, elle s’est abaissée à quelques semaines avec des commandes plus courtes et forcément moins importantes. Pour les secteurs comme le commerce, les services ou les industries, la baisse de la consommation et la tendance des français à épargner ont un impact conséquent sur le volume des ventes. Les habitudes des français ont changé, ce qui peut affecter globalement toute l’activité des entreprises.

Des délais de paiements qui se rallongent

Si la Loi de Modernisation Économique à réduit les délais de règlements à 45 jours, elle ne concerne pas les particuliers. Car, si théoriquement il n’y a pas de délai pour les particuliers, on sait que pour favoriser la relation commerciale et dans le contexte actuel, les entreprises sont obligées d’accorder un étalement des paiements. Il devient alors difficile d’obtenir le solde des règlements. A tel point que de nombreux dirigeants peuvent se trouver avec une trésorerie fortement affaiblie. Autre point à prendre en compte, les nombreuses entreprises qui se retrouvent dans des difficultés financières et qui mettent plus de temps à payer qu’autrefois.

Un accès au crédit compliqué

Malgré la volonté politique d’appuyer les besoins en trésorerie des entreprises par les gouvernements successifs, les sociétés ont du mal à être accompagnées par les banques et une majorité d’entre elles estiment avoir du mal à trouver des fonds et ce bien que les relations avec leur conseiller bancaire restent majoritairement au beau fixe.

Ce qui favoriserait les entreprises

L’État a mis de l’eau dans son vin pour permettre aux entreprises de verser leurs cotisations sociales en tolérant au maximum les retards sans forcément sanctionner immédiatement les entreprises. Il est largement plus souple qu’autrefois même si les taxes demeurent conséquentes.

Si on entend encore que nous sommes dans un pays qui n’aime pas les entrepreneurs, « ces riches profiteurs », la donne a beaucoup changé depuis quelques années. La distinction entre les grands dirigeants, nommés par un conseil d’administration, avec les entrepreneurs qui ont investi dans une entreprise sur leur bien propre s’est petit à petit faite. Il faut noter qu’aujourd’hui, l’image des entrepreneurs s’est profondément améliorée et les différentes mesures comme le choc de simplification, par exemple avec la déclaration sociale nominative ou la simplification des formalités d’enregistrement, ont contribué à faciliter la vie quotidienne des entreprises et de leurs dirigeants.

Mais ce n’est pas suffisant. Même si les gouvernements successifs se sont mobilisés pour simplifier l’environnement des entreprises, nos structures administratives et politiques ne peuvent s’empêcher de créer de la complexité. La difficulté reste qu’aujourd’hui, ce qui est donné d’un côté (CIR, CICE,…) et qui bénéficie souvent aux grandes entreprises demeure repris aussitôt (impôts, contrôles fiscaux…).

Quelles solutions mettre en œuvre ?

La solution de base reste que l’activité reparte et que la consommation soit relancée. A noter que les mesures comme le Crédit d’impôt compétitivité et emploi (CICE) n’ont que d’efficacité pour les petites structures. Même avec 100% d’aide, alors que l’avenir du carnet de commandes est incertain, il demeure difficile d’envisager de créer de l’emploi quand on a déjà du mal à maintenir l’existant. Sachant que dans les petites entreprises ces salariés ont fait et font encore beaucoup d’efforts pour soutenir, à leur niveau, leurs entreprises et leurs emplois (heures supplémentaires non payés, congés imposés, primes supprimées, …), la difficulté reste de prendre le risque d’un recrutement qui remettrait en cause cet équilibre devenu précaire. Sans attendre cette amélioration, il est nécessaire de suivre plusieurs aspects en termes de gestion quotidienne :

Optimisation du poste client

Le crédit client représente en France 25% des actifs d’une entreprise et les défaillances sont dues pour environ le même pourcentage aux impayés clients. Le dirigeant doit donc avoir une vision claire des encaissements à venir et tenir au maximum sa comptabilité à jour notamment sur l’émission des devis et factures ainsi que mettre en place des relances régulières. S’il est important de surveiller le poste clients, c’est avant tout pour éviter les risques de défaillances et optimiser le BFR. Parmi les solutions à mettre en œuvre, on peut lister : réduire les factures échues non réglées et le risque d’impayés, systématiser la relance client, traiter tous les litiges, évaluer et prévoir les besoins en trésorerie.

Optimisation des stocks

Moins évident à améliorer, les stocks coûtent cher et surtout les invendus. Les actions à réaliser peuvent être longues et ne pas avoir de résultats rapidement, ce qui peut représenter une véritable difficulté pour les entrepreneurs car ils sont de plus en plus dans le quotidien et peuvent avoir du mal à prendre de la hauteur par rapport aux décisions qui ont des résultats sur le moyen ou long terme. Pour rationaliser ses stocks, il est nécessaire d’optimiser le niveau de stock, d’avoir un suivi en temps réel et d’éviter les ruptures dans les stocks.

Gestion du poste fournisseur

Beaucoup d’entreprises maîtrisent peu ou mal la chaîne de la relation avec les fournisseurs. Elles se focalisent beaucoup sur les coûts d’achats et peu sur les délais de paiement, les remises sur volume ou CA, la livraison, le stock. Pour optimiser le poste fournisseurs, il faut s’intéresser au processus de décaissement, aux conditions commerciales, aux relations fournisseurs.

Au final, l’enjeu principal de la pérennité de notre tissu de petites et moyennes entreprises reste l’emploi bien évidemment ! Aujourd’hui, nous faisons face à une situation tendue, avec des redressements et liquidations judiciaires directes qui peuvent survenir à tout moment.

Il est urgent pour les dirigeants de stabiliser la situation financière de leur entreprise. Cela passera par le retour de la consommation, par une maîtrise de leur gestion et une optimisation de leur organisation. Pour y parvenir, il leur faudra de nouveau prendre sur eux et accepter de faire appel à du conseil pour parvenir à avoir du recul sur leur organisation quotidienne et se concentrer sur le métier, le savoir-faire, l’expertise de l’entreprise.

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