Les entrepreneurs sont-ils des super héros ?

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Beaucoup d’idées reçues circulent sur les entrepreneurs selon lesquelles : Ils sont des visionnaires, aiment le risque, sont des experts en prévision, réussissent seuls et sont des êtres à part. Or, les études et notamment celle empirique réalisée auprès d’entrepreneurs experts par Saras D. Sarasvathy, professeur associée à la Darden School (Université de Virginie), dans le cadre d’une recherche révèle bien au contraire que c’est totalement FAUX.

Les entrepreneurs ne sont pas des visionnaires

La presse regorge d’histoires qui relatent le succès fulgurant de tel ou tel dirigeant d’entreprise porteur d’une vision hors du commun (Steve Jobs pour Apple, Richard Branson pour Virgin et bien d’autres encore…). Ils apparaissent comme des personnages emblématiques que tout le monde admire et auxquels les entrepreneurs voudraient bien sûr ressembler. Pour autant, les raccourcis opérés pour raconter leur histoire sont assez trompeurs et la réalité est dans les faits différente.

Les entrepreneurs démarrent en général modestement sur la base d’une idée simple, souvent liée à un problème personnel ou à un besoin particulier non couverts par le marché (invention du spa par Roy Jacuzzi) ou à un étonnement face à une situation donnée (utilisation de légumes jugés impropres à la vente par CulinaryMisfits).

Leur talent consiste alors à améliorer leur idée initiale de façon à la transformer progressivement en procédant par essai / erreur jusqu’à aboutir à un véritable produit ou service et à conduire à l’émergence d’un marché en écoutant les clients. Ce processus d’apprentissage peut être plus ou moins long selon les cas de figure, mais c’est la dynamique incontournable qui permet de passer de l’idée au marché. Même si certaines visions partielles s’avèrent exactes et qu’ils peuvent avoir une idée de la direction dans laquelle va le marché, il s’agit donc d’un processus d’itération. 

Les entrepreneurs n’aiment pas prendre de risques inutiles

Même si le mot « risque » semble caractériser l’entrepreneuriat, il n’en est, en fait, rien. Qu’il s’agisse de l’argent ou du temps à consacrer pour lancer leur projet, les entrepreneurs sont dans la très grande majorité des cas vigilants à ne pas prendre de risques inconsidérés qui pourraient les amener à tout perdre et à se retrouver dans une situation difficile.

Bien au contraire, la prise de risque, même si elle existe, est volontairement limitée par les futurs entrepreneurs afin de pouvoir la contrôler en décidant :
– du niveau des investissements à engager
– du temps qu’ils souhaitent consacrer à leur projet
– d’une progression par étape raisonnable
– d’un partage du risque par l’implication de partenaires.

Les entrepreneurs ne sont pas capables de prédire l’avenir

Il est facile de vérifier à quel point les prédictions réalisées par des experts s’avèrent fausses parce que trop optimistes ou trop pessimistes dès lors qu’on évolue dans un environnement incertain, à plus forte raison pour les entrepreneurs qui n’ont pas la capacité d’anticiper et de repérer un futur marché ni son évolution à 3 ou 5 ans. La plupart du temps, les prévisions dans le business plan s’avèrent d’ailleurs fausses dans un sens comme dans l’autre. 

C’est pourquoi les entrepreneurs préfèrent ne pas attacher plus d’importance que nécessaire aux prédictions même si elles sont nécessaires notamment en termes de trésorerie. Ils avancent leur bonhomme de chemin de façon très pragmatique et c’est en fait leur action entrepreneuriale qui transformera le marché. Ce faisant, ils reprennent à leur compte une citation de Peter Drucker, théoricien américain du management qui dit que : « La meilleure façon de prédire l’avenir, c’est de le créer ».

Cela implique que les études de marché ne sont souvent pas pertinentes dès lors qu’il s’agit de nouveaux marchés et qu’il est hasardeux de s’appuyer sur des prédictions pour lancer son projet. Développer un nouveau marché ou bouleverser un marché existant nécessitent, en effet, du temps pour affiner sa vision.

Les entrepreneurs ne réussissent pas seuls

Il arrive que les dirigeants se mettent en avant pour satisfaire leur ego ou pour l’intérêt de leur entreprise, même s’ils ont souvent des associés plus discrets qui partagent leur aventure. Qu’on se souvienne de Steve Jobs et de Steve Wozniak, de Bill Gates et de Paul Allen… les seconds étant restés dans l’ombre des premiers.
L’entrepreneuriat exige, en effet, de disposer de compétences variées et complémentaires et ici plus que jamais 1 + 1 = 3 ! La capacité d’un entrepreneur à s’entourer des talents appropriés et à pouvoir travailler avec d’autres constitue donc une condition essentielle de la réussite de son entreprise. L’équipe s’avère même être plus importante que l’idée initiale car c’est elle qui va permettre de la faire évoluer et aboutir sur le marché.

Les entrepreneurs sont des êtres ordinaires

On a tendance à considérer les entrepreneurs comme des personnes à part : bons communicants, charismatiques, organisateurs hors pair, visionnaires… sans doute à cause des médias qui nous les présentent comme tels ou encore car ceux qui interviennent sont souvent doués pour s’exprimer, mais ce sont dans les faits des êtres comme vous et moi avec leurs défauts et leurs qualités.
Regardez autour de vous pour vous en convaincre : peu importe l’âge, le sexe, le niveau d’étude, il n’existe pas de profil type pour être entrepreneur. S’intéresser à une activité et y investir son potentiel (qui je suis – ce que je connais – qui je connais) est suffisant pour démarrer un projet entrepreneurial innovant. Trouver des partenaires qui deviendront des parties prenantes est par contre nécessaire pour disposer de nouveaux moyens et donner au projet de nouvelles ambitions et assurer sa durabilité.

Le MOOC sur l’Effectuation traite de ces différents points et présente un ensemble de principes sur le processus entrepreneurial qui seront très utiles à tous ceux et celles qui, porteurs d’un projet concernant un marché en émergence, souhaitent se lancer.

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