Hervé Cebula est ce que l’on pourrait appeler un « entrepreneur-né ». Le type d’homme qui peut se greffer à n’importe quel business, et tenir la barque. Après avoir trempé dans plusieurs secteurs, il est aujourd’hui à la tête de MediaTech Solutions ; produisant des logiciels de feedback management.
Wok&Pharmacies
Sorti diplômé d’une école de commerce, l’ESCP Europe, Hervé Cebula travaille de 1992 à 1999 dans le marketing de grande consommation. Il est notamment Assistant Brand Manager chez Procter&Gamble. Eté 1999, il ouvre une enseigne de restauration : WOK, une SARL qui importe pour la première fois en France la cuisine au wok, bien avant que cela ne devienne « tendance ». La société fonctionne très bien, mais, comme le dit Hervé Cebula lui-même : « Je n’étais pas restaurateur, je voulais être chef d’entreprise dans la restauration ». Et lorsque l’entrepreneur veut ouvrir un second point de vente, les banques ne le suivent pas malgré un bon nombre d’investisseurs réunis. « Les banques sont frileuses, j’ai (toujours) l’impression qu’elles ne prêtent qu’aux personnes qui ont de l’argent », s’indigne t’il. Il en résulte que 2 ans après l’ouverture, Hervé Cebula est contraint de vendre son entreprise.
Cette légère déroute ne semble pas trop l’affecter étant donné qu’il rencontre presque immédiatement après un pharmacien, ayant le projet de fédérer toutes les pharmacies du pays. Les deux hommes montent ensemble DirectLabo, qui devient très rapidement le 5ème groupement pharmaceutique français. Hervé y occupe le poste de directeur général pendant 7 ans. Mais en 2007, les co-fondateurs ne s’accordent plus sur les stratégies à adopter pour le développement de l’entreprise, et Hervé quitte DirectLabo.
Les mobiles et le feedback
Encore une fois, le créateur ne perd pas son temps. La même année, Hervé Cebula observe avec attention le marché de la téléphonie mobile : « Je me suis rendu compte que le téléphone portable, et surtout le smart-phone, était en train de devenir un outil indispensable, et qu’il allait y avoir un bouleversement énorme. J’avais loupé la vague des hardware dans les années 80’, celle des software dans les 90’, et la vague d’internet et des réseaux sociaux dans les années 2000… Je n’allais pas louper l’ère du mobile en 2010 ! »
ll en retire des conclusions concrètes. Avec internet, la population est devenue impatiente, et veut tout, tout de suite. Les gens sont beaucoup plus informés, et donc beaucoup plus exigeants. « Internet nous a rendu accros à l’instantanéité » résume le dirigeant. Les commerces sont concernés : les clients partagent de plus en plus leurs insatisfactions sur le web, via les forums, les réseaux sociaux, blogs ou SAV en ligne. Les grandes entreprises, qui brassent de nombreux clients, ne peuvent donc plus se permettre de mesurer la satisfaction client de manière périodique.
Conscient de cette réalité, Hervé Cebula monte MediaTech Solutions, un éditeur de logiciel dans le monde de la relation client. Cette solution BtoB, appelée « real time feedback management » mesure en temps réel la satisfaction client, en capturant immédiatement les feedbacks du client. La solution lui lance ensuite un sondage via son téléphone portable, par SMS, serveur vocal interactif, mail, etc… « Le portable, c’est l’outil personnel par excellence. Il nous permet de toucher le client au bon moment, sans que ça ne devienne intrusif. »
MediaTech Solutions
Avec du recul, Hervé Cebula reconnait les difficultés encontrées lors du lancement de MediaTech. La première est financière : devenir un éditeur de logiciels requière beaucoup de recherches en développement, et de solides techniciens. Il faut savoir bien les embaucher, bien les manager, et pouvoir bien les payer. Le dirigeant a alors été obligé de faire des levées de fonds. Mais le plus dur a été de découvrir une nouvelle branche, ce qui a fait perdre environ trois ans. Une erreur qu’assume qu’Hervé C. : « Le commercial BtoB grand compte, c’était un métier que je ne connaissais pas. Démarrer à chaque fois dans un monde nouveau demande du temps, et une courbe d’apprentissage. Hors, les choses vont maintenant de plus en plus vite sur un marché, il faut être rapide et réactif. »
MediaTech ne connait pas en France de solution tout à fait comparable, ce qui lui donne une concurrence seulement indirecte. Aujourd’hui, si la société a 7 ans, la solution en tant que telle n’en a que 3. Mais sa croissance est impressionnante. L’entreprise emploie une vingtaine de personnes, réalise près de 2 millions d’enquêtes chaque mois, vise 4 millions d’euros de CA pour l’an prochain ; mais surtout 15 millions pour 2018 ! « Même si on a pris du retard au début, nous vivons une super croissance. Notre produit est leader, et les équipes sont formidables. Ce qui me pousse à penser que j’ai bien fait de m’obstiner dans ce projet » conclut l’entrepreneur. La société se met de plus met à l’international cette année. Logique pour une boîte qui ressemble à son dirigeant…
Questions choisies :
Vous avez travaillé dans la restauration, le secteur pharmaceutique, et aujourd’hui dans l’édition de logiciels. Vous êtes l’archétype du véritable entrepreneur ?
Je suis surtout quelqu’un de très entreprenant. Donc aujourd’hui si je suis entrepreneur, ce n’est pas étonnant. Je suis né dans une famille d’entrepreneurs : je ne crois même pas qu’il y ait un salarié chez nous ! Cela m’a apporté une éducation et des valeurs particulières. Quand j’avais 15 ans, je donnais des cours pour me faire de l’argent de poche, puis j’ai créé un journal, une radio, et des voyages pour les étudiants, etc. J’ai toujours été un créateur dans l’âme. Même dans ma vie personnelle, je suis président dans l’associatif, mentor chez Le Camping (ndlr : un accélérateur de start-up), coach, etc. Je donne aussi des conférences et écrit des articles sur l’entrepreneuriat.
Le marketing, c’est le meilleur domaine pour se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Pour moi oui. Il me fallait une bonne école de marketing pour devenir un bon chef d’entreprise. Le marketing est toujours au centre des autres activités, c’est pour cela que j’ai choisi ces études, et même les jobs où j’ai postulé. Avec toujours en tête le but de devenir après un chef d’entreprise.
De quoi êtes-vous le plus fier ?
Du contentement de mes clients, et de leur fidélité. Ca représente un gage de pérennité de l’entreprise. La semaine dernière, un de mes gros clients m’a même félicité de la qualité de mes collaborateurs : ça m’a énormément fait plaisir.