Cette start-up propose une nouvelle plateforme d’art mettant en relation professionnels et amateurs. Le but est de promouvoir l’art contemporain tout en donnant une meilleure visibilité égalitaire aux artistes. Mais MyArtMakers est aussi la 1ère solution numérique redonnant ses lettres de noblesse à la commande !
Adrien et l’art contemporain
Adrien Saix est ingénieur généraliste de formation. En complément, il décide d’effectuer une année à HEC Paris, en suivant un master de gestion de projet qui lui enseigne les bases de la stratégie, de la communication et du marketing.
A ses côtés, nous avons Yohan Doaré et Bertrand Debrie, deux étudiants de l’Institut Internet et Multimédia de Paris. Sensibilisés par le marché de l’art (la mère de l’un est tisserande d’art, une des toutes dernières pratiquantes en France), les deux compères avaient déjà travaillé ensemble sur un site internet d’art.
L’idée de MyArtMakers vient d’Adrien. « Je ne m’étais jamais intéressé à l’art » avoue-t-il, « alors que des amis achetaient régulièrement des œuvres dans les galeries ou sur internet ». Le jeune homme se pose alors une question simple : pourquoi lui, ne s’est-il pas tourné, à un moment donné, vers l’art ? Adrien réalise que l’art contemporain reste assez élitiste, peut être même snob en apparence, en tout cas encore peu accessible. L’entrepreneur, humant quelques possibilités, réalise une étude de marché longue de 6 mois sur le marché de l’art contemporain, afin de comprendre son identité et ses ressorts.
Créer un vecteur de création
Il finit par imaginer une solution qui mettrait en contact « professionnels de l’art », et amateurs ou collectionneurs. Sauf que des galeries en ligne, Adrien le sait, il en existe déjà plusieurs. En plus que de proposer aux artistes de partager leurs œuvres à vendre, le créateur choisit de ressusciter le principe de la commande. « Avec le système de la commande, par rapport à un achat d’œuvre classique, on inverse la logique d’acquisition de l’œuvre » soutient-t-il, « c’est le client qui vient vers le créateur ».
Adrien, pour monter le projet, fait appel à Yohan et Bertrand : « lorsque j’ai eu cette idée, il me fallait un développeur et un créatif pour l’environnement visuel de la marque ». Les trois jeunes hommes avaient déjà collaboré sur un projet à HEC. La complémentarité de l’équipe est donc parfaite, et Adrien confirme : « J’avais confiance en leurs compétences, et on avait la même philosophie sur le long terme ».
Le concept et ses enjeux
Le concept de la solution est limpide : le client vient avec une envie et/ou une idée en tête, l’exprime grâce à un formulaire très étudié lui permettant de définir au mieux ce qui l’attend et lance un appel d’offres à toute la communauté d’artistes du site. En faisant l’essai, on peut donc s’attendre à une commande d’une sculpture abstraite, représentant tel thème ; ou une commande plus « pratique », par exemple une huile sur toile de 21x46cm avec une dominante de tons chauds. A partir de là, les artistes sont prévenus et libre de répondre à l’annonce. L’autre type de commande, la « commande coup de cœur », permet de passer directement une commande à un artiste particulier. Dans les deux cas, le client a la possibilité de suivre la confection de l’œuvre, en communiquant via messages et photos avec l’artiste.
Pour Adrien, réinstaurer la commande (comme elle était utilisée pendant la Renaissance Italienne) invite à une personnalisation de l’art : « Des artistes qui vous ressemblent » ou « Envie d’une œuvre aussi unique que vous ? » clament les slogans de MyArtMakers. L’appel d’offre, gratuit et sans engagement, permet à l’amateur de confronter différentes approches d’artistes à son idée originelle, et donc à le sensibiliser à l’art. Le fer de lance, derrière tout cela, est bien sûr une démocratisation de l’art contemporain. Qui est permise par une meilleure visibilité.
Business model
En plus que de permettre le premier pas dans l’art contemporain, la solution est pensée pour les artistes. MyArtMakers offre une certaine visibilité à toute sa communauté de créateurs, qui sont posés sur un pied d’égalité contrairement aux aléas inégalitaires du marché « physique » de l’art. Ces derniers peuvent grâce au site se forger une communauté d’amateurs, de collectionneurs, avec le système de « likes », de partage et de suivi qui est mis en place.
Pour Adrien Saix, le business model de la société repose sur cette dualité. L’artiste fait son profit, le service est gratuit pour le client, et la commission prise par le site l’est sur les gains de l’artiste. La commission est de 15%, ce qui rend la solution très abordable face à ses concurrents : 20-30% pour les autres sites (« les galeries du web sont très nombreuses, même Amazon se met à la vente d’art » affirme Adrien »), et 50% pour les galeristes physiques.
Quel avenir ?
La société, fondée en février 2014, s’est lancé grâce aux fonds initiaux des cofondateurs. Mais l’équipe prospecte déjà pour réussir de futures levées de fonds. Plusieurs stades de développement sont gravés dans le marbre : passer à l’international pour élargir et diversifier la communauté d’artistes ; développer la fonctionnalité du site de manière à présenter les actualités des créateurs, afin de les rapprocher de leur communauté (la technique d’Adrien : « On prend du facebook, du twitter, du linkedin, et on l’applique au marché de l’art ») ; et la publication prochaine d’un webzine d’art, qui mettra en valeur les artistes du site.
La société n’a que 4 petits mois et déjà 15 commandes ont été passées, recevant à chaque fois entre 5 et 20 réponses d’artistes. De bon augure pour la nouvelle famille de Médicis du web.
Questions choisies :
Et quelle va être la première difficulté ?
Bien communiquer pour faire connaître notre service. Notre approche est très innovante, et il faut faire comprendre aux gens que ça n’engage à rien de venir passer une commande pour appréhender le point de vue des artistes. L’art est universel, destiné à chacun de nous, pas réservé à une élite comme beaucoup le croient encore.
Grâce à internet, le fonctionnement du marché de l’art est en train d’évoluer ?
Tout à fait. Le marché de l’art sur internet a commencé à prendre son envol vers 2010. Depuis, il connait un taux de croissance à deux chiffres sur les ventes en ligne. Il y a une vraie démocratisation de l’art. Les artistes prennent de plus en plus conscience de l’intérêt d’Internet et des technologies 2.0. Avant, il y avait les galeries commerciales et les artistes subventionnés. Les artistes qui n’avaient pas de réseau, même avec un immense talent, avaient du mal à réussir. Avec internet, on peut aujourd’hui abattre toutes ces barrières.
Votre artiste favori, qui vous inspire ?
Sur la plateforme, l’artiste Neela, à qui j’ai commandé « Architecture Urbaine » pour faire un cadeau unique à mon père, que j’ai adoré. Et chez les peintres classiques, j’aime beaucoup Claude Monet.