Est-il toujours rentable d’accueillir un évènement sportif ?

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En période de Coupe du monde, mais aussi en pleine crise financière, l’économie crée la polémique. Organiser un évènement sportif de cette envergure pose la problématique de la rentabilité.

Des évènements sportifs toujours plus rentables

La Coupe du monde de football rapporte en moyenne 117 millions d’euros. Elle se présente comme la compétition de football la plus prestigieuse. Elle s’organise tous les 4 ans et réunit les meilleures équipes du monde. Cette année, la Coupe du monde au Brésil avait été estimée comme s’apparentant à un gain de 2,9 milliards d’euros de revenus, la majorité des recettes découlant des droits de diffusion.

90 millions d’euros : ce serait la somme que rapporteraient en moyenne les Jeux Olympiques d’hivers. En 2010, on note que près de 190 millions d’euros ont été recueillis en billetterie, mais aussi 40 millions d’euros en merchandising.

Les Jeux Olympiques d’été semblent rapporter plus gros que ceux d’hivers avec en moyenne 254 millions d’euros. Pour ceux de Londres, en 2012, c’est près de 1,9 milliards d’euros qui ont servis à obtenir les droits de diffusion.

Avec une moyenne de 86 millions d’euros, la Ligue des Champions se place comme la compétition de football en club la plus difficile. 1,34 milliards de dollars par an pour la période 2012-2015, c’est tout simplement le revenu commercial annoncé par l’UEFA (Union of European Football Associations).

L’évènement sportif le plus rentable au monde se caractériserait par le Super Bowl. En 2013, on compte une moyenne de 339 millions d’euros. CBS (Columbia Broadcasting System) affiche un montant de 3,75 millions de dollars pour un spot de publicité de 30 secondes (c’est 7 fois plus cher que ce que demandais NBC (National Broadcasting Company) l’an passé). Cet évènement n’est autre que la finale du championnat de football américain. Ce prix voit s’affronter les vainqueurs des deux conférences. Le titre convoité étant celui de champion de la NFL (National Football League).

Entre estimations et réalité

La notion de rentabilité émerge quand un pays ou une ville se voit attribué la réception d’un évènement sportif reconnu. Son organisation n’est, c’est le moins que l’on puisse dire, pas une mince affaire. Mais qu’importe puisque, pour ses organisateurs, outre les enjeux économiques stratégiques et diplomatiques, ainsi qu’une certaine fierté nationale, l’appât du gain suffit.

Des évènements sportifs de cette taille amènent en effet différents niveaux de recettes.  

Les touristes affluent, ce qui engendre une augmentation des recettes de billetterie, des recettes hôtelières, de restauration. 

Tout cela induit un effet multiplicateur. Cela se traduit par une hausse de l’emploi. De nombreuses infrastructures sont construites et certains aménagements spécifiques ont le plus souvent lieu.

Les organisateurs ayant accepté de prendre en charge l’évènement émettent des prévisions quant aux recettes qu’ils espèrent tirer de cet évènement. Seulement, du côté de la réalité, c’est-à-dire des retombées économiques réelles pour le pays ou la ville dont il est question, des différences se font sentir.

Reprenons l’exemple du SuperBowl, évènement sportif le plus rentable au monde. C’est aussi l’évènement le plus regardé aux Etats-Unis. Les retombées économiques d’une ville qui reçoit un évènement d’une telle ampleur seraient de l’ordre de 400 millions de dollars, d’après la National Football League (NFL) et le Sport Management Research Institute (SMRI). En regardant les données réelles, on se rend compte sur un échantillon, qu’entre 1970 et 2001, un quart du montant estimé n’est réellement constaté en comparaison avec la somme annoncée par les promoteurs, soit approximativement 100 millions de dollars.

Afin d’estimer l’impact en termes de recettes d’un évènement sportif, l’une des méthodes les plus simples restent de faire une estimation du nombre de visiteurs que l’évènement devrait amener, d’évaluer la durée approximative de leur séjour, ainsi que le budget moyen dépensé par visiteur. L’ensemble de ces évènements vous permet ainsi de calculer de façon prévisionnelle, l’impact économique de l’évènement. A cela, s’ajoute bien entendu, l’effet multiplicateur.

Notez bien qu’en faisant la somme de tous ces calculs, tous approximatifs, cela engendre certaines conséquences qui viennent creuser l’écart entre les estimations faites et les résultats réels.

De manière plus théorique

Sur l’économie on constate 3 effets devant être pris en considération afin d’évaluer l’effet net sur l’économie.
L’effet de substitution consiste à considérer le fait que, dans le cas ou un résident dépense de l’argent pour assister à l’évènement, cette dépense supplémentaire se fait au détriment des autres dépenses habituelles comme les loisirs, le cinéma. La balance s’équilibre et l’impact induit se présente donc comme étant pratiquement nul.

L’effet d’éviction, quant à lui, détient une certaine visée correctrice. Il tend à remettre les idées reçues en ordre. Certes, un grand évènement sportif attire de nombreux visiteurs qui se déplacent spécialement pour cette occasion. Mais il repousse tout de même un nombre non négligeable de visiteurs à cause de l’afflux de personnes présentes, et qui décident alors de changer de destination. Avec la présence d’un tel évènement, hausse des prix, hôtels complets, embouteillages, conflits entre supporters, … sont généralement de mise.

Le dernier effet : l’effet de fuite des retombées économiques. Une augmentation des revenus pour les entreprises locales, pour les détenteurs d’infrastructures, les hôteliers, constructeurs, et ainsi pour les détenteurs de capitaux, ne signifie pas forcément une hausse des recettes dans l’économie locale. Leurs recettes ne sont pas nécessairement réinvesties dans l’économie locale. L’effet multiplicateur, en réponse à cet effet, tend davantage à se voir surestimé.

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