Si les syndicats sont mal vus en France par une partie de la population, ils ont pourtant un rôle crucial puisqu’ils participent à la négociation collective, à la représentation des travailleurs auprès des employeurs et des autorités publiques. Alors pourquoi y a-t-il aussi peu de personnes syndiquées en France ?
Un taux de syndicalisation extrêmement faible
Selon les données de l’Insee pour l’année 2020, le taux de syndicalisation en France était d’environ 7,7 % de l’ensemble des salariés du secteur privé et public. Même son de cloche du côté de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui l’estimait à 7,9. Ce pourcentage est légèrement inférieur à la moyenne de l’OCDE qui est de 16,5 %. Même des pays comme les États-Unis (10,8 %), la Corée du Sud (10,4 %) ou encore le Japon (17,4 %) ont des taux supérieurs. Il est bien inférieur à certains pays européens. On pensera notamment à la Suède (71,7 %), la Finlande (68,3 %) ou encore le Danemark (65,4 %). Alors comment l’expliquer ?
Une utilité pourtant certaine des syndicats
Les syndicats ont plusieurs utilités et missions importantes dans le monde du travail. Ils représentent les travailleurs auprès des employeurs et des autorités publiques. Ils défendent ainsi leurs intérêts, en négociant des accords collectifs. Les syndicats le font également en participant à des comités d’entreprise ou de santé et sécurité au travail. Les syndicats peuvent ainsi contribuer à améliorer les conditions de travail, les salaires et les avantages sociaux des salariés.
Ils défendent plus globalement les droits des travailleurs. Les travailleurs victimes de discrimination, de harcèlement ou d’autres formes d’injustice peuvent faire appel à eux. Ils sont surtout connus pour la mobilisation collective et faire pression sur les employeurs ou les autorités publiques. Les syndicats représentés dans l’entreprise demeurent à l’origine des grèves, manifestations et actions collectives.
Une mauvaise image liée à leur rôle ?
D’une part, certains employeurs et une partie de l’opinion publique les considèrent comme trop radicaux ou trop contestataires. Il faut dire que les syndicats ont souvent pour mission de défendre les intérêts des salariés. Ils font des revendications afin d’obtenir des améliorations sociales. Ceci peut être perçu comme une menace pour la stabilité économique ou l’image des entreprises.
D’autre part, certaines critiques peuvent viser des pratiques syndicales. Celles-ci peuvent être jugées abusives ou contre-productives. On citera parmi les actions parfois critiquées : les grèves à répétition, les blocages de sites industriels, ou les manifestations violentes, qui peuvent perturber la vie économique et sociale du pays.
Des grèves trop fréquentes ?
Selon les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour l’année 2020, le nombre de journées de travail perdues par grève en France était de 120 par 1 000 salariés. La moyenne de l’OCDE est de 26 à titre de comparaison. Il est également à comparer avec l’Allemagne (6), les Pays-Bas (19), le Royaume-Uni (20) ou la Norvège (24). En revanche, malgré la réputation des français, le taux de grève en France était inférieur à celui de certains autres pays. La Grèce (157), l’Espagne (143) ou l’Italie (130) sont, par exemple, devant.
Les autres raisons du faible taux de syndicalisation
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles le taux de syndicalisation est relativement faible en France. Tout d’abord, la syndicalisation est souvent perçue comme étant réservée aux travailleurs les plus qualifiés ou les plus âgés, alors que les jeunes et les travailleurs précaires sont souvent moins enclins à se syndiquer. Les travailleurs précaires, tels que les intérimaires, les saisonniers ou les travailleurs des plateformes numériques, ont également des difficultés à se syndiquer car ils ont souvent des contrats de travail courts et instables, ce qui rend la syndicalisation plus difficile. De plus, la faiblesse de la syndicalisation peut également s’expliquer par la concurrence entre les syndicats, qui peut parfois diviser les travailleurs et affaiblir la représentativité des syndicats. Enfin, certains travailleurs peuvent être découragés par les coûts et les contraintes liés à la syndicalisation, tels que les cotisations syndicales ou la participation à des réunions ou des manifestations syndicales.