Aujourd’hui, on cherche à tout quantifier, énumérer, calculer pour permettre à votre entreprise d’avoir un recul chiffré sur tout ce que fait son activité. Les décisions sont désormais de moins en moins prises sans y avoir recours. Mais cette pluie incessante de chiffres n’est-elle pas plus nuisible qu’autre chose ?
Les résultats des ventes du mois de juillet, la taille de vos effectifs, le nombre d’heures supplémentaires de votre stagiaire en comptabilité, le chiffre d’affaires réalisé du 31 août au 2 septembre, le nombre de kilowatts utilisé pendant le mois d’avril 2021… Devons-nous tout chiffrer, tout mesurer pour le bien-être de notre entreprise ?
L’utilité de base des chiffres et autres données statistiques
De prime abord, il est certain que les chefs d’entreprise ont besoin de chiffres, de données statistiques et économiques et de tout autre indicateur pouvant leur apporter des informations sur l’entreprise et sur l’environnement économique. Il est indéniable que certains chiffres sont nécessaires pour prendre de nombreuses décisions et ne pas tout faire à l’instinct.
Il est devenu difficile de s’en passer dans le cadre d’une activité professionnelle à vocation commerciale et ceci même dans le Business Plan. Les chiffres servent notamment à vérifier la rentabilité de certaines activités et peuvent servir à la validation/réadaptation de ce même Business Plan dans les années à venir. Il s’agit souvent de vérifier que l’entreprise ne court pas droit dans le mur, que le retour sur certains investissements est rentable ou encore pour vérifier que la trésorerie tiendra le choc.
Une véritable question à se poser
Pourtant, devons-nous tout chiffrer ? Devons-nous mettre des nombres, des pourcentages sur tout ce qui touche à l’entreprise et sa santé économique ? Après tout, là où l’utilité de mesurer la rentabilité d’un investissement peut se faire sentir, est-il nécessaire d’aller jusqu’à calculer le temps passé par nos employés devant la machine à café ? Certaines réalités ne dépassent-elles pas le simple cadre de la compréhension chiffrée ?
Après tout, des employés qui passent davantage de temps en dehors de leur bureau sont peut-être plus productifs. Et cela, cette conséquence indirecte, ne peut absolument pas être chiffrée et évaluée. Alors ne devrions-nous pas prendre un minimum de recul et laisser une certaine forme d’incertitude sur des événements qui ne trouvent pas nécessairement d’explications chiffrées ?
La grande difficulté reste que les éléments chiffrés ne sont qu’une vérité prise sous un seul prisme. Là où les chiffres peuvent vous indiquer qu’un employé a été moins productif, par exemple, il se peut qu’il ait aidé d’autres collaborateurs et qu’au final que la production globale s’en trouve augmentée sur le court ou long terme grâce à ce temps sacrifié.
Ne pas chiffrer l’indéchiffrable
Rendons-nous à l’évidence : dans notre entreprise, dans notre vie professionnelle de tous les jours, tout n’est pas chiffrable, tout n’est pas évaluable. Considérer que plus les employés passent du temps en dehors de leur bureau, moins ils travaillent et tenter de mettre des chiffres sur cela, c’est oublier et faire l’impasse sur des facteurs qui dépassent le simple cadre de la statistique.
Après tout, un salarié qui passe dix minutes de plus en dehors de son bureau, à discuter avec ses collègues, c’est un employé peut-être davantage prêt à travailler de façon plus efficace, avec plus de motivation ou qui capte des informations utiles. Et cette donnée-là ne peut pas être prise en compte par les chiffres. Il y a de nombreux points qui dépassent le simple cadre de la statistique, et ce sont ces éléments que les chefs d’entreprise doivent tenter de comprendre, d’assimiler et d’anticiper pour gérer au mieux leur activité sans sombrer dans une volonté du tout-mesurable et du chiffre à volonté.
Chiffrer ou mesurer ne signifie pas comprendre. On ne gère pas une entreprise avec des relevés de statistiques incompréhensibles qui tentent de mettre un cadre logique et défini sur tout ce qui se passe au sein de notre société. Certains éléments dépassent ce cadre et doivent faire l’objet d’éclaircissements. Le chef d’entreprise se doit de bien comprendre cela, de sortir de l’ornière du chiffre à tout rompre pour améliorer son sens de la compréhension sur des événements, qui finalement, ne semblent pas nécessairement aller de soi.