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Entrepreneur

Interview de Bertile Burel et James Blouzard, Cofondateurs de Wonderbox

Entretien exclusif avec Bertile Burel et James Blouzard, cofondateurs de Wonderbox spécialiste des coffrets cadeaux.

Comment avez-vous eu l’idée de créer Wonderbox ?

Bertile : Après notre mariage nous avons décidé avec James de quitter tous les deux nos jobs pour faire un voyage de noces pendant 6 mois autour du monde. Nous avons vécu des expériences hors du commun : de la randonnée à cheval en Mongolie, de la plongée en Australie, du rafting au Népal… Nous sommes rentrés riches d’expériences et de rencontres tellement extraordinaires ! Du coup, lorsqu’il a fallu faire des cadeaux à nos proches pour Noël, et que nous nous sommes retrouvés dans les grands magasins, tout nous semblait d’une grande futilité. Ce que nous voulions offrir à nos familles c’était plutôt les mêmes expériences que celles que nous avions pu vivre ! Du coup, comme nous cherchions du travail, nous nous sommes dit : pourquoi pas nous lancer ce défi ? Un an plus tard, fin 2004, nous ouvrions notre site Internet proposant deux premiers coffrets. Le marché des coffrets cadeaux d’expérience n’en n’était alors qu’à ses premiers balbutiements.

Comment avez-vous fait pour vous imposer sur ce marché devenu très concurrentiel ?

Bertile : Si nous sommes numéro 1 aujourd’hui, c’est parce que nous avons toujours cherché à faire les choses un peu mieux, aussi bien pour nos clients que pour nos partenaires. Nous savions que, si nous traitions bien nos partenaires, ils serviraient bien nos clients. Il y a eu un moment une certaine polémique sur le fait que les clients des coffrets cadeaux ne trouvaient pas de places chez les prestataires, qui étaient saturés. Mais nous avons toujours fait en sorte de ne pas vendre plus de coffrets que nos partenaires ne pouvaient recevoir de clients. C’est ce souci de qualité qui, grâce au bouche à oreille, nous a permis de devenir leader sur ce marché.
James : La clé du succès de Wonderbox ce sont vraiment les valeurs que portent l’entreprise. Nos valeurs, nous avons essayé de les transmettre à chacun de nos salariés. Car une entreprise, c’est comme un bateau : pour qu’il garde bien le cap et avance, il faut que tout l’équipage aille dans la même direction.

Le fait de monter une entreprise en couple ne vous a pas fait peur au départ ?

James : Au début, notre idée n’était pas de créer l’entreprise ensemble ! Nous voulions créer chacun notre société, pour diversifier la prise de risque. Wonderbox était plutôt le projet de Bertile. Mais, comme j’avais une expérience dans la création d’entreprise et dans le tourisme, je l’ai aidée. Puis, de fil en aiguille, je me suis retrouvé aussi dans le projet.
Bertile : Comme nous n’avions jamais travaillé ensemble auparavant, nous avions un peu peur. Et puis tout le monde nous disait que ce serait compliqué. Mais ce qui nous a rassurés, c’est le fait que nous avions réussi à faire ensemble un tour du monde de 6 mois, en nous retrouvant même parfois en danger de mort, et en ne nous engueulant qu’une seule fois !

Quelle a été la plus grande difficulté dans le développement de Wonderbox ?

James : Cela a été de réussir à survivre. Dans la création d’entreprise, il y a une espèce de tension permanente qui implique d’être tout le temps en éveil. Les choses n’arrêtent pas de bouger et on ne peut pas dire qu’on gère une boîte de la même manière d’une année à l’autre : le contexte économique change, les tendances de consommation se renouvellent, la taille de l’entreprise évolue… Il faut être constamment en alerte.
Bertile : On se dit souvent que, quand on fera plus de chiffre d’affaires, on pourra enfin se reposer. Mais ce n’est pas vrai ! Une autre difficulté qu’il faut réussir à bien gérer en tant que chef d’entreprise est d’arriver à passer constamment du global au détail. Il faut à la fois avoir une vision macro-économique et en même temps veiller à ce que telle personne du service client fasse bien son travail dans le détail…

En 2009, l’entreprise a connu une accélération soudaine dans son développement. à quoi l’attribuez-vous ?

James : Cette accélération a été due au franchissement d’une étape dans la compréhension du produit par le public. D’un seul coup, les distributeurs ont décidé d’installer des linéaires spéciaux pour les coffrets cadeaux. Wonderbox a dû grandir très vite pour assumer le développement des ventes.

Est-ce que cela a été facile de gérer une telle croissance rapide de l’entreprise ?

James : Cela a demandé énormément de travail, mais c’était passionnant. Ce qu’on oublie de dire dans la presse c’est que, développer une entreprise représente un boulot colossal. Et l’intensité du stress et la fatigue engendrées par le fait de diriger une entreprise sont rarement prises en compte. C’est pour cela qu’il faut être en excellente santé.
Bertile : Quand on dirige une entreprise en forte croissance, on doit en réalité recréer la boîte à chaque étape. Une entreprise de deux personnes n’est pas la même réalité que d’être 6, 10 ou à 30. Il faut créer un management intermédiaire. Et il faut adapter les équipes car, des personnes adaptées à une entreprise de 6 personnes ne sont pas forcément à l’aise dans une structure de 50 collaborateurs. Faire grossir son entreprise demande de se remettre en cause tout le temps.

Vous êtes tous les deux ceinture noire de karaté ! Qu’est-ce que cela vous apporte ?

James : Cela nous apporte une vraie philosophie de vie. Il y a notamment une recherche constante d’excellence dans chaque détail du geste. Un coup de poing d’un débutant ressemble en apparence à celui d’une ceinture noire. Mais en réalité c’est très différent. Cela m’inspire beaucoup pour le développement de l’entreprise.
Bertile : Au karaté, nous apprenons aussi beaucoup le respect de l’autre : lors d’un combat, on respecte toujours son adversaire. Et nous apprenons également à travailler en équipe. Dans un club de karaté par exemple, on se réjouit des succès des autres, on travaille en équipe pour que le groupe progresse. Ce qui est important aussi c’est que, au karaté, tous les signes sociaux tombent. La hiérarchie est complètement différente de celle que j’ai au travail. Cela permet de voir la France autrement et de sortir du microcosme des chefs d’entreprises.

5 conseils

1 – Prendre soin de sa santé Si l’entrepreneur tombe malade, il est obligé de s’arrêter. Un bon entrepreneur, c’est un entrepreneur en bonne santé ! Donc il faut apprendre à se créer un bon équilibre de vie. C’est la base.

2 – Travailler plus que ses concurrents Et surtout mieux, sur chaque petit détail. C’est l’amélioration continue.

3 – Veiller à la pérennité de son entreprise
Il faut s’assurer que l’entreprise soit bien gérée et profitable. C’est le premier devoir de l’entrepreneur. C’est de la folie de se lancer sans savoir comment on va gagner de l’argent !

4 – Ne pas être flambeur
Ne pas vouloir avancer trop vite : combien d’entreprises sont mortes à cause de l’orgueil du dirigeant ? Il faut savoir rester simple et humble.

5 – Rester focus sur son idée
Il ne faut pas trop regarder ce qui se fait ailleurs en stressant car, si on fait bien ce qu’on fait, on a un levier très important. Il ne faut pas avoir peur des grosses entreprises car elles sont beaucoup plus lentes.

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