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Entrepreneur

Interview de Alain de Mendonça, PDG de Promovacances.com

Comment s’est déroulée votre levée de fond ?

Nous sommes très vite tombés dans l’éclatement de la bulle Internet en 2001, ce qui représentait le pire moment pour démarrer sur le web ! Le contexte s’est effondré en mars et nous avons cherché des fonds à partir d’avril. Nous avons dû effectuer 242 RDV pour lever 3 millions d’euros ! 2 mois avant, nous aurions pu lever 20 millions d’euros en 2 coups de téléphone ! Les débuts ont été très difficiles mais finalement très salutaires. On le voit souvent dans les histoires d’entreprises ou d’hommes : ce sont des débuts difficiles qui forgent des personnalités au fer.

Comment avez-vous fait pour persévérer ?

Je l’ai fait car l’entrepreneuriat c’est un véritable acte de foi. Tout le monde nous démontrait que notre idée était mauvaise, qu’on arrivait trop tard, qu’on ne connaissait rien au voyage et qu’on était bien trop jeunes. Mais notre conviction nous a portés et nous avons fini par réussir. Si on n’y croit pas, on n’a aucune chance de réaliser son projet.

Quel a été votre plus grand moment de stress ?

La levée de fonds, car en 2001 plus personne n’y croyait. C’est très difficile d’aller contre le pessimisme, mais à un moment la conviction et l’acharnement l’emportent ! Nous étions dans le doute. Nous travaillions sur le projet depuis un an, je m’étais endetté à hauteur de 150 000 euros et avais demandé à des amis de quitter leurs boulots pour venir me rejoindre. à un moment nous étions prêts à jeter l’éponge, car nous ne pouvions plus payer les loyers. Jusqu’à la veille de la signature, rien n’était sûr. Cela a été une épreuve physique et nerveuse. Mais c’était palpitant et nous en sommes ressortis grandis. Nous sommes entrés sur le marché avec 10 fois moins d’argent que nos concurrents, nous sommes partis 2 ans après eux… mais nous avions notre chance, et pour nous, cela valait de l’or.

Qu’est-ce qui vous a fait passer des difficultés au succès ?

En 2002, nous faisions 55 millions d’euros de CA, ce qui nous permettait d’amortir la masse du coût fixe. à ce moment là, c’est comme en ski nautique, tout d’un coup on décolle. Et une fois qu’on prend de la vitesse, il faut savoir garder son équilibre. Si on va trop vite, on risque de couler et si on ne prend pas suffisamment de vitesse, on tombe. Nous avons su bien doser afin de garder toujours un développement commercial et financier. C’est un « mix » de développement organique et de développement externe qui a permis à Promovacances de connaître la réussite.

Pourquoi avoir revendu l’entreprise en 2005 ?

Cela correspondait à une phase de maturité pour nos actionnaires qui ont décidé de revendre l’entreprise. Mais en 2007, nous l’avons rachetée, et pour un prix plus élevé que celui auquel on l’avait vendu ! Bien plus qu’à l’argent, nous étions attachés à l’histoire de l’entreprise.

Comment avez-vous vécu la perte de votre entreprise ?

Dans l’entrepreneuriat, il y a une grande dose d’affectif. On travaille énormément, il y a beaucoup d’énergie, de passion, d’implication. Quand on vend sa société, on se coupe une partie de soi. Mais les gens ne comprennent pas cela car la vente représente une belle opération financière. Or, la motivation entrepreneuriale est ailleurs.

Que vous ont apporté vos études à Harvard ?

Cela m’a énormément aidé car le système français est complètement anti-entrepreneur. Aux états-Unis, on glorifie les entrepreneurs comme Michael Dell, Bill Gates ou Steeve Jobs qui sont des icônes. En France ce sont, non pas les créateurs, mais les grands patrons comme Carlos Goshn qui font rêver. Les gens se mettent des barrières psychologiques en pensant qu’ils ne seraient pas capables de créer une entreprise. Sur le campus, des entrepreneurs viennent régulièrement témoigner et j’ai fini par me dire « pourquoi pas moi ? ». L’entrepreneur est rarement un génie, c’est un pragmatique simple. Pour créer Promovacances, nous n’avons rien fait de sorcier ! Nous avons juste lancé un concept et poussé les bonnes portes. Il faut se décomplexer et démystifier l’entrepreneuriat. Avoir fait des études aux états-Unis m’a ouvert à la mentalité américaine pragmatique et orientée vers l’action. Or, l’entrepreneuriat, c’est 95 % action et 5 % réflexion. C’est sans arrêt en mouvement, il faut agir très vite. Beaucoup d’entrepreneurs ont gagné grâce à leur rapidité.

Comment arrivez-vous à gérer le stress de l’entrepreneur ?

C’est très important d’essayer de prendre du recul pour mieux gérer le stress, de faire du sport ou du yoga, même si ce n’est pas facile de prendre du temps. L’entrepreneur est comme dans une pièce de théâtre. Il joue un rôle mais il ne doit pas oublier que la vie ce n’est pas seulement son entreprise. Ce n’est pas facile de prendre du temps car l’entrepreneur est sur-impliqué et si il se désimplique, il risque de perdre en énergie. Il y a une sorte d’équilibre psychologique à trouver. J’ai la chance d’avoir des collaborateurs qui sont à mes côtés depuis le début de l’aventure. J’ai confiance en eux et cela m’aide un peu à porter le fardeau !

Les 5 conseils d’Alain de Mendonça aux entrepreneurs

  • Croire : c’est la base de tout.
  • Travailler : on ne peut pas espérer un miracle sans travailler.
  • Vendre : un entrepreneur doit sans cesse vendre son entreprise aux actionnaires, aux collaborateurs, aux clients, aux partenaires…
  • Savoir compter : je ne suis pas un financier ni un comptable mais je sais compter. Si un entrepreneur ne sait pas un minimum compter, il va droit dans le mur.
  • Fédérer les bonnes personnes : dans l’entrepreneuriat, on voit toute sorte de profils ! on rencontre des escrocs, des magouilleurs… on est dans la forêt et on peut rencontrer Cendrillon, comme on peut tomber sur le méchant loup !
  • Toujours garder l’esprit « petite boîte ».

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