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Zoom sur l’Afrique des start-up

Les start-up ne se développent pas qu’en Occident. En Afrique, on observe un véritable engouement pour les jeunes pousses qui fleurissent aux quatre coins du continent. Souvent orientées vers le numérique, elles apparaissent dans tous les domaines. Pour répondre à cette passion nouvelle, des aménagements voient le jour, notamment au Nigéria, au Kenya et en Afrique du Sud. Petit aperçu de la situation entrepreneuriale en Afrique.

L’entrepreneuriat comme issue de secours

L’entrepreneuriat attire énormément de jeunes africains, comme semble l’indiquer une étude du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) publiée en 2015, selon laquelle 60 % des jeunes africains interrogés, âgés de 18 à 34 ans, se disent « optimistes quant au potentiel économique de l’entrepreneuriat et croient avoir les compétences et le savoir requis pour créer une entreprise ». Pour une partie d’entre eux, monter son entreprise ne constitue pas une vocation, certains choisissent cette option pour éviter le marché du travail qui demeure modeste en Afrique. La même étude révèle également que « moins de 45 % des jeunes entrepreneurs africains ont achevé leur cycle d’études secondaires », un triste constat qui prouve que la voie entrepreneuriale représente une issue de secours pour beaucoup de jeunes issus de ce continent. Le manque de moyens dû à la pauvreté dans certains pays représente évidemment une barrière supplémentaire mais il existe tout de même des entrepreneurs diplômés et ambitieux qui montent leur boîte et réussissent avec brio ! Le prix de « Start-up africaine de l’année » a même été instauré afin d’encourager et récompenser les entrepreneurs méritants. Si certains sont poussés à créer leur entreprise faute d’emploi, les jeunes africains ne manquent pas d’idées et innovent dans tous les domaines.

Des entreprises qui répondent à des besoins précis

Les start-up africaines voient le jour dans des secteurs très différents et répondent à des besoins spécifiques. À titre d’exemple, M-Pedigree, fondée par le Ghanéen Bright Simons, lutte contre la circulation de faux médicaments qui tue environ 100 000 personnes chaque année. La start-up propose de vérifier l’authenticité d’un médicament grâce à l’application Goldkeys ou à un simple SMS contenant le code de la boîte de remèdes. Une réponse « ok » ou « no » survient dans la minute en indiquant la référence du médicament. Partenaire de géants comme Sanofi Aventis ou Guilin, la plateforme Goldkeys a reçu, en 2014, plus de 100 millions de codes. Dans un autre domaine, Wecyclers permet à une partie des 12 millions d’habitants de Lagos, capitale du Nigéria, d’évacuer leurs déchets et de les recycler. Une vingtaine de cyclistes Wecyclers parcourt les quartiers excentrés, où il n’existe aucun service de récolte des déchets, pour ramasser des centaines de kilos de déchets ménagers chaque jour. Rétribués en nourriture, argent ou articles de ménage, les cyclistes Wecyclers ont collecté plus de 600 tonnes de déchets depuis le lancement de la start-up. Les jeunes pousses apparaissent jusque dans le domaine littéraire, notamment avec ZoomVocal, start-up ivoirienne axée sur le développement du livre audio. Cette entreprise, créée en 2015 par Pierre Agounkpeto, ambitionne de devenir le « Netflix du livre » et propose de télécharger des livres audios pour un tarif compris entre 0,70 et 7,6 euros, et compte 1 300 utilisateurs. Les jeunes africains innovent dans des secteurs variés et recourent de plus en plus aux nouvelles technologies. Un nombre croissant d’entrepreneurs se lance dans l’aventure du numérique, ce qui pousse certains pays à aménager des infrastructures pour accueillir de véritables viviers de start-up.

L’Afrique numérique cultive ses talents

L’intérêt pour l’informatique grandit chez les Africains et certaines régions s’adaptent à ce secteur d’activité en pleine expansion. La Yabacon Valley a vu le jour dans la capitale nigériane, la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud ou encore le Kenya mettent en place des concours et des programmes pour aider les porteurs de projets dans le numérique à le concrétiser. Pour encourager les jeunes à se lancer dans cette voie, les investisseurs ne manquent pas d’idées : des « hackatons », compétitions créatives, sont financées par de multiples acteurs tels que BBC World Service, pour inciter les jeunes à démontrer leurs capacités. Au Togo, des communautés de « makers » se forment et fondent des « fablabs », des laboratoires de fabrication tels que le Woelab togolais. Le continent voit de multiples initiatives apparaître pour encourager ses jeunes entrepreneurs, dont certains rencontrent un succès fulgurant. La première licorne africaine (entreprise évaluée à plus d’un milliard de dollars avant d’être cotée en bourse, ndlr) a pris vie il y a moins de cinq ans. Jumia, cofondée par le Nigérian Jérémy Hodara, se présente comme le « Amazon africain » avec son « Jumia Mall », gigantesque centre commercial virtuel. Des petites annonces type Leboncoin.fr au Booking.com local, cette entreprise propose des accès à de multiples ressources via ses neuf sites et emploie quelques 5 000 personnes. Les entrepreneurs africains continuent de se développer sur leur continent mais concluent souvent des partenariats avec des entreprises occidentales. Leur autonomie peut ainsi parfois être remise en question.

Un rattachement à l’Occident quasi-systématique

Les créateurs de start-up africaines ne manquent pas d’idées mais les moyens financiers leur font souvent défaut. Beaucoup d’entre eux signent, de fait, des accords avec des partenaires occidentaux, ce qui leur permet de se développer plus rapidement. Jumia résulte de l’association de Jérémy Hodara avec le Français Sacha Poignonnec, la jeune pousse ivoirienne ZoomVocal alimente son stock grâce à trois contrats passés avec des maisons d’édition françaises, M-Pedigree compte des partenaires comme Orange ou Sanofi et les concours hackatons découlent souvent d’initiatives européennes. Des talents recherchés et soutenus par des Africains mais toujours plus ou moins dépendants de l’Occident.

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