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CréerS'associer ou non ?Start-Up

Entreprendre en solo ou avec un associé

Interview de Xavier Cazard, directeur associé de l’agence Entrecom, auteur du livre « Bien choisir son associé ».

Quels sont les avantages d’entreprendre avec un associé ?

Ils sont multiples, mais tout dépend de ses objectifs. Entreprendre avec un associé peut être de nature capitalistique, lorsque des personnes s’associent pour augmenter les capitaux de l’entreprise. Elle peut également être de nature opérationnelle si elle consiste à rassembler les expertises nécessaires à la mise en place d’un projet. Ce type d’association est très courant. Dans ce cas, l’avantage sera par exemple de pouvoir rassembler un profil de type ingénieur ou créatif avec une expertise entrepreneuriale. Car aujourd’hui pour monter et piloter une entreprise il faut aussi bien connaître le domaine juridique que le marketing ou la comptabilité. Si en plus il faut maîtriser la vente, par exemple, cela fait beaucoup de qualités nécessaires qu’un seul homme n’a pas forcément ! Autre avantage à l’association : la possibilité de ne pas être seul à porter un projet d’entreprise, de pouvoir partager et rebondir avec quelqu’un. 

Quels sont les différents types d’association dans une entreprise ?

Il faut savoir que 30 % des entreprises sont créées par des associés. Parmi ces 30 % on trouve des association purement capitalistiques, avec des partenaires dormants, des fonds, des associations de moyens, comme les cabinets d’architectes, d’avocats, de médecins, qui ne sont pas dans une logique d’entreprise, des associations familiales, lorsqu’un couple créé son commerce par exemple, et enfin des associations de création d’entreprise, avec des personnes qui vont partager un projet commun.

Et quels sont les avantages d’entreprendre en solo ?

L’avantage est qu’on est seul maître à bord. Parmi les avantages d’entreprendre en solo on trouve beaucoup de personnes qui ont un caractère assez fort et qui aiment moins le travail en mode collaboratif. On réalise son propre projet en ayant l’entier contrôle des décisions stratégiques. L’autre avantage est bien sûr que lorsqu’on est seul au capital, on n’a pas à partager ses dividendes ! C’est une toute autre vision de l’entrepreneuriat.

Est-ce plus dur de se motiver quand on entreprend en solo ?

Il n’y a pas de règles, tout dépend de la personnalité de l’entrepreneur. Mais lorsqu’on n’est pas seul pour diriger l’entreprise, si on a un petit coup de mou, l’autre est là pour continuer à insuffler de l’énergie et l’envie d’avancer dans l’entreprise. Il faut savoir que, dans l’association, ce n’est pas 1+1=2 mais 1+1=3. Les forces se démultiplient grâce à l’association.

Comment faire face aux coups durs quand on entreprend seul ?

Concrètement, sur un plan technique, il existe des produits d’assurance conçus pour se protéger de cela. Les assurances hommes clé permettent, quand le fondateur ou le manager de l’entreprise est défaillant, de pouvoir compenser financièrement le préjudice causé à l’entreprise par la défaillance de cette personne. 

Comment faire le choix entre entreprendre en solo et entreprendre avec associés ?

Cela dépend vraiment des gens. Pour certains il sera plus facile d’entreprendre avec des associés, tandis que pour d’autres, cela sera inconcevable. Comme pour le choix de se marier ou de rester célibataire, chacun doit trouver la disposition qui lui convient. La première chose est d’essayer de sonder ses propres motivations. Mais parfois la question ne se pose même pas, lorsque l’association se fait pour le bien d’un projet par exemple.

Comment trouver son futur associé ? 

Soit le projet à la base est construit à deux, donc la question ne se pose pas, soit on a un projet qui nécessiterait l’entrée d’un associé pour qu’il se développe. Dans ce cas là, la première question à se poser est le type d’associé dont on a besoin. Serait-ce un associé directeur général ? Un associé qui puise accomplir quels types de tâches ?… Ces questions vont déterminer le profil d’associé qui nous correspond. Il existe des tests qui permettent de faire le point sur ses propres points forts et points faibles. Ces tests permettent ensuite d’établir le profil de l’associé recherché à travers la recherche de complémentarité dans l’équipe. Ensuite, pour trouver la bonne personne il faut déjà commencer par sonder ses réseaux personnels et professionnels. 

Comment répartir les tâches entre associés pour exploiter au mieux les potentialités de chacun ?

Selon la taille et la maturité du projet, l’organisation va être différente. Dans un projet balbutiant, tout le monde est au four et au moulin, et ce n’est que plus tard que se mettront en place des domaines, des territoires pour chaque associé. Il existe des grandes typologies d’association dans une entreprise : le chasseur et l’éleveur, celui qui est dehors et celui qui est dedans, celui qui s’occupe de la comptabilité et de l’administration et celui qui gère le commercial… L’important est que chaque associé trouve sa place dans le projet. Il faut également bien définir la gouvernance de l’entreprise entre les associés. Il y a d’une part le pilotage de l’entreprise au quotidien et le pilotage des enjeux de la stratégie d’entreprise. 

Que faire en cas de conflit majeur entre les deux associés ?

Les gros moments de conflits vont être la distribution des dividendes, la défaillance d’un associé, la vente de l’entreprise, les embauches, etc. Mais, en général, avant d’arriver à un conflit majeur, il faut commencer par essayer de le prévenir. Pour cela, il y a ce qu’on appelle le pacte d’associés, un document qui se situe au-delà du contrat et qui va lier les associés. Ce document va permettre de passer en revue tous les blocages potentiels et les types de solutions à trouver dans chacune de ces situations potentielles. Réaliser ce contrat est un peu comme l’établissement d’un contrat de mariage chez le notaire. 

Un conseil pour ceux qui souhaitent se lancer dans la création d’une entreprise avec un associé ?

Il faut essayer d’être constamment dans une logique de dialogue assez forte. L’important est également de bien définir à l’avance les décisions qui peuvent être prises seul et celles qui doivent être prises à deux.

Fréderique Munier et Nicolas Rohr, co-fondateurs associés de la marque de tennis Faguo

L’avantage de créer à deux c’est que si l’un se met à ressentir des doutes, l’autre est là pour l’éclairer ! L’association permet aussi de se tirer l’un l’autre vers le haut. Lorsque l’un des deux obtient un bon résultat, cela motive l’autre à donner aussi le meilleur de lui-même. Enfin, cela permet d’avoir toujours en face de soi une personne qui puisse jouer le rôle de l’avocat du diable !

Pour nous, l’association est clairement un plus, qui nous permet de garder la tête froide, tout en garantissant une vision à 360° de l’entreprise. Notre jeune âge et notre manque d’expérience aurait réellement constitué une faiblesse si chacun de nous deux avait entreprit seul ! Pour qu’une association fonctionne bien, il faut bien définir les domaines de compétences de chacun. Pour chaque décision il faut déterminer son importance et le temps qu’on passera à la communiquer à l’autre afin de déterminer si cela est vraiment nécessaire d’en parler. 

Jérôme Mauduit, fondateur en solo d’Open2Europe.

Avec un projet bien précis en tête, fondé sur mes compétences et ma propre expérience, j’ai choisi de créer seul mon entreprise. Entouré de personnes compétentes et qualifiées, je n’ai pas ressenti le besoin de m’associer. Être seul à la tête de mon entreprise est une position très confortable car j’ai ainsi une grande liberté dans les prises de décision. Cette flexibilité me permet d’être réactif et de m’adapter rapidement aux fluctuations du marché.

Lors de la création, je n’ai pas ressenti de difficultés majeures par rapport au fait d’avoir créé seul. En revanche, quand l’entreprise grossit de manière importante, cela devient plus délicat. L’entreprise est aujourd’hui un groupe international et je commence à ressentir le besoin de m’entourer, de partager les responsabilités. D’ailleurs, j’envisage de faire rentrer mes proches collaborateurs au capital. Même si j’ai pris l’habitude de travailler seul, je ne serais pas contre le fait de monter une entreprise avec des associés. Si les associés ont des expertises complémentaires nécessaires au développement du projet, alors oui, cette association aurait un sens. 

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